Il pleut, le goudron est brillant, un peinture monochrome triste qui cloute les pieds au sol. Il se pose mécaniquement sur le banc d’un quai de gare, attends une machine qui l’emmènera pour le travail. Qu’il pleuve, il déteste. Il se demande s’il peut, si ça peut marcher. "Graphismer" en utilisant son nom. Son nom : Poisson. Il se demande s’il peut créer un truc là dessus, si ça va marcher. Son nom lui permet de se "jeter à l’eau" alors pourquoi pas.

>((°> : Signature trouvée un dimanche il y a un peu plus d’un an, un dimanche où comme aujourd’hui il fait triste, un jour où il a airé sur son clavier, un jour où il cherchait à faire "un truc". Il peine ce jeudi à créer une carte postale. Il se dit qu’une carte postale c’est fait pour être envoyé, que c’est quelque chose de personnel, une chose au format A5 où l’on laisse sa griffe, alors il laisse la sienne. Le pays sur lequel il est tombé c’est l’Estonie, sa capitale, Tallinn, il aura la chance d’y aller. Sa carte prend l’avion avec lui. Le "Poisson volant" passe par Amsterdam, et plonge en plein Tallinn : -10°c sur la jambe gauche et la nuit à 15h30 lui écrase la droite . Le hasard fait que Tallinn est une ville portuaire. La principale activité d’un port par définition est de ramener des poissons. Tallinn en pêche un en 2D, en trois couleurs. Noir, Bleu et Blanc, qui rappellent le drapeau Estonien.

Ce poisson ne veut pas retourner dans le "soviet océan", il ne veut pas retourner chez les communistes, alors il se dirige vers l’Ouest. Il ne lui reste que les arrêtes, la structure la base. La base de son travail a été le multimédia. Le multimédia il en boit à grandes gorgées, et parfois s’étouffe un peu.

Il est en pleine introspection, en train de fouiller l’intérieur de son image. Le jury a fouillé dans le tas et celle là est sortie. Le matin où il l’a apprit il s’est demandé si toute cette histoire depuis le quai de gare était vraie. Au 21ème siècle rien n’est impossible, les poissons gagnent même des concours de Graphisme à Echirolles.

Alexandre Poisson